Dracula
EAN13
9782367530048
Éditeur
Kinoscript
Date de publication
Collection
3raisons
Langue
français
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Dracula

Kinoscript

3raisons

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782367530048
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Quiconque a lu le Dracula de Bram Stoker sait la richesse d’une œuvre que sa
postérité cinématographique a participé à simplifier, et dans le même temps, à
forger. Expérience de lecture étrange et paradoxale : lire Dracula vierge de
tout parasite mythologique relève de l’impossible. L’image semble vouloir se
glisser inexorablement entre les mots, et préparer notre imagination,
l’infléchir, la contaminer.

Ce que propose cette réédition, afin de parvenir à cette état idéal de
lecture, c’est de substituer l’analyse philosophique à l’enchevêtrement des
représentations cinématographiques. Le kit de lecture, comme kit de survie de
l’œuvre.

La première idée est que Bram Stoker en nous donnant à lire le duel entre le
Comte Dracula et le professeur Van Helsing nous livre une réflexion sur le
statut philosophique de la science à la fin du XIXe siècle. Et au moment où
Nietzsche est en train d’expirer, Bram Stoker semble s’inspirer des textes du
philosophe au marteau pour modeler sa thèse : la science n’a pas réponse à
tout, elle s’affirme et s’affermit dans une spirale vicieuse où rien ni
personne ne peut la contredire. Deus sive sciencia, Dieu ou la science, pour
parodier Spinoza. Comme l’écrira Stoker au cours du roman : « La puissance du
vampire tient à ce que personne ne croit à son existence ». Du coup, les
personnages sont contraints de devenir des voyous, bravant les lois et les
interdits afin de lutter contre le mal, que tout le monde nie, puisque la
raison n’est plus de la partie.

D’autre part, Dracula est une très belle réflexion sur l’éthique en ce
crépuscule victorien. En fait, le bien et le mal, à l’image des échanges de
sang qui parcourent le roman (sang volé par le vampire ou prêté pour résister
à lui), se baladent sans avoir de place attitrée. Mina, la fiancée de Harker,
est attirée par le Comte, Van Helsing est fasciné, aussi. Il admire sa force,
son intelligence, sa culture, quelque part, le fait qu’il soit un vestige du
passé qui ne veut pas passer. Car Dracula, c’est l’immortalité de la
féodalité, du temps des Seigneurs, où les valeurs ne se construisaient pas sur
le travail et l’argent, mais sur le sang et la guerre. Dracula, l’anti-
moderne. Moins violent que le syndicalisme, Dracula pourrait se lire comme un
traité de résistance à la société industrielle que plus rien ne peut arrêter
en 1897, lors de la parution du texte.

La présente édition est la reproduction de la première édition française en
1920 chez l’Edition Française Illustrée.
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