Christian Dotremont, A perte de souffle
EAN13
9782875957542
Éditeur
Editions Lamiroy
Date de publication
Collection
L'article
Langue
français
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Christian Dotremont

A perte de souffle

Editions Lamiroy

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Dotremont, encore un nom qui a longtemps percuté mes oreilles. On me parlait
de ses calligrammes, sans me préciser qu’il s’agissait de logogrammes. Et je
me demandais bien à quoi pouvaient ressembler ces figures, et quelle était la
raison de leur succès. Pourquoi ce nom avait-il réussi à inspirer ici, chez
nous, une profonde admiration à la hauteur de celle que provoquait la mention
de Magritte ?

Le voile s’est levé, il y a quelques mois lors de l’exposition consacrée à
l’artiste aux Musées Royaux des Beaux-Arts. Je me suis rendu dans ce sous-sol
sombre qui sert dorénavant de lieu d’exposition aux oeuvres d’art moderne. Et
j’ai lu sur la page manuscrite de 1962 : « ... Le train auquel nous assignons
d’être mongol, qui nous assigne devant la Mongolie, qui cesse d’être moyen de
locomotion pour devenir palais de la rencontre et de la découverte, curieux
couloir qui donne sur lui-même, serpent. » 1 Je ne sais plus ensuite si j’ai
fait l’exposition dans le bon sens car après avoir vu et lu toutes les oeuvres
les plus tardives de l’artiste, je me retrouvai face à d’autres oeuvres d’art
abstrait. Elles n’étaient pas des logogrammes, elles avaient été peintes par
d’autres artistes. Mais pour la première fois, je pouvais les lire. La
contemplation des oeuvres de Dotremont, en nous amenant à constater que « la
lisibilité se dérobe », nous forge la clé de l’art abstrait. Les portes
s’ouvrent. Même les caractères chinois et arabes que nous ne pouvions lire,
changent d’aspect. Nous pouvons faire l’expérience esthétique de ces
caractères que nous rejetions avant comme illisibles. Dans les peintures
abstraites, nous voyons désormais tous les traits du monde dans la plénitude
du sens, nous percevons que ces traits sont issus de la volonté de l’artiste
de transmettre un sens. Tout devient déchiffrable grâce à la transformation
opérée par le dispositif de Dotremont. Il ne s’agit pas de comprendre le sens
exact des traits de la peinture, mais de sentir qu’ils ont été pourvus
d’intention, que ce sont des expressions, des mots concrets.

Les toiles de Dotremont dévoilent tout ce que les peintres voient dans l’acte
de peindre.

Une telle découverte justifiait le succès de l’artiste, il était l’inventeur
d’un lieu de passage, d’initiation des novices à une signification
substantielle de la peinture. Je suis sorti émerveillé d’avoir reçu cette clé,
mais bien peu informé sur la trajectoire du serrurier. L’article de Georges A.
Bertrand comble ce manque, je lis avec intérêt tous les éléments qui ont
participé à ouvrir l’esprit de Dotremont à cette vérité qu’il contenait, qu’il
formait l’espace d’un temps face au papier avec toute la splendeur que ses
yeux avaient accumulée par le passé et qui devait servir à nous amener autre
part, outremont.
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