Amable de Baudus (1761-1822) - tome 7 : 1799-1802

**Historique**
Jean Louis Amable de Baudus fonda puis dirigea pendant six ann ees _Le
Spectateur du Nord_. Cette revue a joui de janvier 1797 a decembre 1802,
d'une reelle notoriete parmi les periodiques de son temps. La situation de
Hambourg, ville libre, a l'embouchure de l'Elbe en faisait le point de passage
le plus frequente de l'Europe. Sa puissance commerciale et financiere mettait
cette grande cite en rapport avec le monde entier.
Grace a cette circonstance et a la neutralite attachee a sa qualite de ville
libre, elle etait devenue le centre le plus important de l'emigration. Tous
les États de l'Europe y entretenaient d'ailleurs des ministres (c'est-a-dire
des ambassadeurs) : ceux de la Russie, de l'Angleterre et de l'Autriche
protegeaient les emigres ; alors que le Senat de Hambourg tenait a vivre en
paix avec la Republique française, representee aupres de lui par un
plenipotentiaire appele Reinhart.
Donc, pendant six annees, la revue mensuelle _Le Spectateur du Nord_ devait
assurer a Amable de Baudus une autorite reelle dans une grande partie de
l'Europe eclairee.

**Collaborateurs**
Collabor erent avec lui des notabilites, surtout françaises, du monde de la
politique et des lettres, residant ou de passage a Hambourg, a cette epoque,
notamment Rivarol, l'abbe de Pradt, l'abbe Louis, Charles de Vielcastel,
compatriote de Baudus, Charles-Julien Lioult de Chenedolle, secretaire de
Rivarol, Delille, Esmenard, Romance de Mesmons, Charles de Villers, le general
Dumouriez… Madame de Flahaut, madame de Genlis y donnerent aussi quelques
nouvelles ; Klopstock y publia, traduites par Amable ou par Charles de
Villers, quelques une de ses poesies.
Bientot _Le Spectateur du Nord_ est lu dans les principales cours d 'Europe et
n'y est pas sans influence. Plusieurs membres des maisons souveraines se
mettent en relation avec son directeur, a plus forte raison recherche des
principaux salons de Hambourg, ceux du chevalier Oscaritz, representant de
l'Espagne, ceux de mesdames de Vertamy, de Septeuil, dont le mari, ancien
receveur de la liste civile, fut le tresorier de la monarchie en exil, de
madame de Flahaut, des princesses de Vaudemont et de Holstein-Beck (voir de
Lescure _Rivarol et son temps_ , et Turquan _Les Femmes de l 'emigration_).
Chez cette princesse, royalistes et republicains se coudoyaient, les premiers
chamarres des decorations de l'ancien regime (V. Daudet).
Bientot parmi les personnalites les plus marquantes, tant du monde politique
que du monde litteraire, beaucoup de celles qui se trouvent a cette epoque
loin du siege de la redaction de cette revue, comme Fontanes (en 1798),
Morellet, Suard, Chateaubriand, le marechal de Castries et Talleyrand, par
exemple, temoignerent pour l'oeuvre entreprise par le publiciste français a
Hambourg autant d'estime que de sympathie.