Réflexions sur le phénomène d'insécurité et la stratégie de défense en Afrique de l'Ouest
EAN13
9782370155559
Éditeur
Nouvelles Éditions Numériques Africaines (NENA)
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Réflexions sur le phénomène d'insécurité et la stratégie de défense en Afrique de l'Ouest

Nouvelles Éditions Numériques Africaines (NENA)

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L'irruption de l'Afrique sur la scène internationale est un phénomène
relativement récent. Pendant longtemps, en effet, le continent noir est
demeuré à la périphérie du système stratégique mondial. On le considérait
comme un groupe de petits pays pauvres et sans grande importance politique et
géostratégique. Mais si l'Afrique reste encore marginalisée, elle n'est pas
cependant dépourvue d'attraits, car on y assiste, depuis les années des
indépendances, à un affrontement indirect des grandes puissances. C'est bien
là une situation paradoxale de ce continent voué à une forme de sous-
développement perpétuel, mais qui enrichit, dans le même temps, le reste du
monde qui se déchire pour contrôler ses immenses richesses naturelles. A la
vérité, de très grandes mutations se sont produites dans tous les domaines,
depuis l'accession des pays africains à la souveraineté internationale.
L'émergence d'un nationalisme noir, animé d'espérances et porteur de nouvelles
revendications sociales et politiques, a entraîné la décolonisation. Mais une
fois les indépendances proclamées, les nouveaux États se sont trouvés dans le
tourbillon de l'instabilité politique et du marasme économique. La grande
faiblesse des structures internes, hâtivement mises en place, l'inadaptation
du système économique et la persistance d'une conjoncture internationale
défavorable ont été les facteurs les plus déterminants. Très peu d'États ont
su ainsi édifier les structures d'un pouvoir national conçu sur des bases
solides. Il s'en est suivi une situation que certains auteurs ont pu qualifier
de « triste chemin parcouru à rebours depuis les espoirs fous que suscitèrent
les premières années des indépendances ».1 Dans un tel contexte, les problèmes
liés à la sécurité revêtent une dimension fondamentale. Le caractère
artificiel des frontières, la persistance de conflits ethniques et régionaux,
les nombreux coups et tentatives de coups d'État militaire et le développement
de la pauvreté ont été à la base d'une insécurité grandissante. Il faut
également relever les guerres, sous toutes les formes, qui « brutalisent » les
consciences telles qu'elles sont apparues en Sierra Leone, au Libéria, au
Nigeria et, plus récemment, en côte d'Ivoire. La coopération en matière de
défense et de sécurité devient dès lors un impératif, une exigence
fondamentale pour assurer la suivie du continent africain. Elle est d'autant
mieux ressentie que les armées nationales ne peuvent, seules, y faire face. «
Aucun État africain, agissant seul n'est capable d'assurer sa protection
militaire de façon adéquate. Les armées modernes exigent une proportion
considérable de main-d'ouvre qualifiée, disponible, une trop grande part de
dépenses budgétaires, une augmentation de dépenses faites à l'étranger (ce qui
détériore la balance des paiements), car les armes et les systèmes de
communication doivent être importés à des prix relativement élevés. Donc, même
si un État africain arrivait à moderniser son armée et restait isolé des
autres, il n'engendrerait qu'hostilité de la part de ses voisins »2. Ainsi se
trouve posée la problématique des pactes militaires institués dans le but
d'organiser une défense commune et une assistance mutuelle en cas d'agression.
L'option pour un système de défense, organisé à l'échelon régional, a été
préconisée pour trouver une solution réaliste au problème de la sécurité
collective en Afrique. Pour le Président Léopold Sédar Senghor, ancien chef
d'État du Sénégal, une défense conçue à l'échelle continentale se heurterait à
des querelles idéologiques, à des divisions ethniques ou linguistiques. « A la
réflexion, disait-il, je pense qu'il serait plus efficace d'assurer la défense
de nos États dans le cadre régional que dans celui du continent. On est plus
disposé à mourir pour sa famille, pour sa patrie, son ethnie ou sa région que
pour tout un continent caractérisé, précisément, par des oppositions
d'intérêts régionaux, mais surtout, reconnaissons-le, d'idéologie ». X X
L'institutionnalisation d'un système de sécurité collective, à l'échelle de la
région ouest-africaine, s'impose d'autant plus que le phénomène d'insécurité
se développe dans cette partie du continent de manière inquiétante et
handicape tous les efforts entrepris pour sortir du sous-développement. Il
s'agira, dans ce cadre, d'analyser, par une approche globale, le phénomène
d'insécurité avant de se fixer sur les conditions et la portée du système de
défense et de sécurité instauré dans la zone couverte par le traité régissant
la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
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