- EAN13
- 9782384420971
- Éditeur
- La Gibecière à Mots
- Date de publication
- 28/07/2022
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
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Aide EAN13 : 9782384420971
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1.99
aul Arène (1843-1896)
"Il faut moins que rien, en vérité ! pour changer parfois au réveil les
dispositions intimes de l’heureux possesseur d’un Moi tant soit peu subtil et
précieux. Hier matin, en consultant mon Moi – ce qui est pour l’Intellectuel
une analogue obligation à celle qui fait au bourgeois chaque jour consulter
son baromètre – hier je venais de m’apercevoir que le susdit Moi, enclin plus
que jamais aux désespérances, se trouvait attristé profondément par la
particulière hideur des crimes désormais bas et sans beauté dont s’ensanglante
le Paris moderne...
Bref ! pour parler le clair langage de Voltaire et des bonnes gens, encore
sous l’impression d’un horrible drame, assassinat de fille galante ou de
vieille rentière, que tous les journaux, depuis une semaine, commentent avec
leur ordinaire complaisance, j’étais en train de broyer du noir, quand un
fait-divers, oui ! un simple fait-divers de l’Argus Canteperdicien est venu
chasser les brouillards et me remettre du soleil dans l’âme.
Vous saurez que ce titre pompeux désigne l’unique et modeste gazette d’un pays
qui m’est resté cher, les gens de Canteperdrix, avec un léger pédantisme à la
seizième siècle, aimant se faire appeler Cantaperdiciens comme les gens de
Pamiers, Apaméens, et ceux de Bayeux, Bajocasses."
Recueil de 32 contes à l'accent provençal.
"Il faut moins que rien, en vérité ! pour changer parfois au réveil les
dispositions intimes de l’heureux possesseur d’un Moi tant soit peu subtil et
précieux. Hier matin, en consultant mon Moi – ce qui est pour l’Intellectuel
une analogue obligation à celle qui fait au bourgeois chaque jour consulter
son baromètre – hier je venais de m’apercevoir que le susdit Moi, enclin plus
que jamais aux désespérances, se trouvait attristé profondément par la
particulière hideur des crimes désormais bas et sans beauté dont s’ensanglante
le Paris moderne...
Bref ! pour parler le clair langage de Voltaire et des bonnes gens, encore
sous l’impression d’un horrible drame, assassinat de fille galante ou de
vieille rentière, que tous les journaux, depuis une semaine, commentent avec
leur ordinaire complaisance, j’étais en train de broyer du noir, quand un
fait-divers, oui ! un simple fait-divers de l’Argus Canteperdicien est venu
chasser les brouillards et me remettre du soleil dans l’âme.
Vous saurez que ce titre pompeux désigne l’unique et modeste gazette d’un pays
qui m’est resté cher, les gens de Canteperdrix, avec un léger pédantisme à la
seizième siècle, aimant se faire appeler Cantaperdiciens comme les gens de
Pamiers, Apaméens, et ceux de Bayeux, Bajocasses."
Recueil de 32 contes à l'accent provençal.
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