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**HIPPOLYTE **
Dieux ! quest-ce que jentends ? Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et quil est votre époux ?
**PHÈDRE**
Et sur quoi jugez-vous que jen perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu
tout le soin de ma gloire ?
**HIPPOLYTE**
Madame, pardonnez. Javoue, en rougissant,
Que jaccusais à tort un discours innocent.
Ma honte ne peut plus soutenir votre vue,
Et je vais...
**PHÈDRE**
Ah ! cruel, tu mas trop entendue !
Je ten ai dit assez pour te tirer derreur.
Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.
Jaime. Ne pense pas quau moment que je taime,
Innocente à mes yeux, je mapprouve moi-même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je mabhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux men sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le coeur dune faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé.
Cest peu de tavoir fui, cruel, je tai chassé
Jai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, jai recherché ta haine.
De quoi mont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne taimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
Jai langui, jai séché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour ten persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je ? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?
Tremblante pour un fils que je nosais trahir,
Je te venais prier de ne le point haïr.
Faibles projets dun coeur trop plein de ce quil aime !
Hélas ! je ne tai pu parler que de toi-même !
Venge-toi, punis-moi dun odieux amour ;
Digne fils du héros qui ta donné le jour,
Délivre lunivers dun monstre qui tirrite.
La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte !
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point téchapper.
Voilà mon coeur : cest là que ta main doit frapper. Impatient déjà dexpier
son offense,
Au-devant de ton bras je le sens qui savance.
Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,
Si ta haine menvie un supplice si doux,
Ou si dun sang trop vil ta main serait trempée,
Au défaut de ton bras prête-moi ton épée.
Donne.
**NONE**
Que faites-vous, Madame ? Justes dieux !
Mais on vient. Évitez des témoins odieux ;
Venez, rentrez, fuyez une honte certaine.
_Extrait de la scène 5, Acte II. _
Dieux ! quest-ce que jentends ? Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et quil est votre époux ?
**PHÈDRE**
Et sur quoi jugez-vous que jen perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu
tout le soin de ma gloire ?
**HIPPOLYTE**
Madame, pardonnez. Javoue, en rougissant,
Que jaccusais à tort un discours innocent.
Ma honte ne peut plus soutenir votre vue,
Et je vais...
**PHÈDRE**
Ah ! cruel, tu mas trop entendue !
Je ten ai dit assez pour te tirer derreur.
Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.
Jaime. Ne pense pas quau moment que je taime,
Innocente à mes yeux, je mapprouve moi-même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je mabhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux men sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le coeur dune faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé.
Cest peu de tavoir fui, cruel, je tai chassé
Jai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, jai recherché ta haine.
De quoi mont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne taimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
Jai langui, jai séché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour ten persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je ? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?
Tremblante pour un fils que je nosais trahir,
Je te venais prier de ne le point haïr.
Faibles projets dun coeur trop plein de ce quil aime !
Hélas ! je ne tai pu parler que de toi-même !
Venge-toi, punis-moi dun odieux amour ;
Digne fils du héros qui ta donné le jour,
Délivre lunivers dun monstre qui tirrite.
La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte !
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point téchapper.
Voilà mon coeur : cest là que ta main doit frapper. Impatient déjà dexpier
son offense,
Au-devant de ton bras je le sens qui savance.
Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,
Si ta haine menvie un supplice si doux,
Ou si dun sang trop vil ta main serait trempée,
Au défaut de ton bras prête-moi ton épée.
Donne.
**NONE**
Que faites-vous, Madame ? Justes dieux !
Mais on vient. Évitez des témoins odieux ;
Venez, rentrez, fuyez une honte certaine.
_Extrait de la scène 5, Acte II. _
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