La Fille aux yeux d'or
EAN13
9789999999625
Éditeur
NumiLog
Langue
français
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La Fille aux yeux d'or

NumiLog

Livre numérique

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Le jeune homme qui s'intitulait ami de Henri de Marsay était un étourdi,
arrivé de province et auquel les jeunes gens alors à la mode apprenaient l'art
d'écorner proprement une succession, mais il avait un dernier gâteau à manger
dans sa province, un établissement certain. C'était tout simplement un
héritier passé sans transition de ses maigres cent francs par mois à toute la
fortune paternelle, et qui, s'il n'avait pas assez d'esprit pour s'apercevoir
que l'on se moquait de lui, savait assez de calcul pour s'arrêter aux deux
tiers de son capital. Il venait découvrir à Paris, moyennant quelques billets
de mille francs, la valeur exacte des harnais, l'art de ne pas trop respecter
ses gants, y entendre de savantes méditations sur les gages à donner aux gens,
et chercher quel forfait était le plus avantageux à conclure avec eux ; il
tenait beaucoup à pouvoir parler en bons termes de ses chevaux, de son chien
des Pyrénées, à reconnaître d'après la mise, le marcher, le brodequin, à
quelle espèce appartenait une femme ; étudier l'écarté, retenir quelques mots
à la mode, et conquérir, par son séjour dans le monde parisien, l'autorité
nécessaire pour importer plus tard en province le goût du thé, l'argenterie à
forme anglaise, et se donner le droit de tout mépriser autour de lui pendant
le reste de ses jours. de Marsay l'avait pris en amitié pour s'en servir dans
le monde, comme un hardi spéculateur se sert d'un commis de confiance.
L'amitié fausse ou vraie de de Marsay était une question sociale pour Paul de
Manerville qui, de son côté, se croyait fort en exploitant à sa manière son
ami intime. Il vivait dans le reflet de son ami, se mettait constamment sous
son parapluie, en chaussait les bottes, se dorait de ses rayons. En se posant
près de Henri, ou même en marchant à ses côtés, il avait l'air de dire : – Ne
nous insultez pas, nous sommes de vrais tigres. Souvent il se permettait de
dire avec fatuité : – Si je demandais telle ou telle chose à Henri, il est
assez mon ami pour le faire... Mais il avait soin de ne lui jamais rien
demander. Il le craignait, et sa crainte, quoique imperceptible, réagissait
sur les autres, et servait de Marsay. – C'est un fier homme que de Marsay,
disait Paul. Ha, ha, vous verrez, il sera ce qu'il voudra être. Je ne
m'étonnerais pas de le trouver un jour ministre des Affaires étrangères. Rien
ne lui résiste. Puis il faisait de de Marsay ce que le caporal Trim faisait de
son bonnet, un enjeu perpétuel. Demandez à de Marsay, et vous verrez !
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