Nathalie P.

Conseillé par (Libraire)
17 mars 2022

Une histoire improbable?

On pourrait se croire dans un livre de Marcel Pagnol mais ne vous y trompez pas ! Le narrateur, un jeune garçon un peu simplet, nous décrit son petit monde de son œil très aiguisé : la copine de classe Gwendo franco-anglaise, le meilleur ami souffre-douleur de l'école, que tout le monde appelle Jean Jean car il bégaye, sa mère qui se démène tant bien que mal pour joindre les deux bouts depuis le décès du père... Mais un événement improbable va alors bousculer l'ordre du monde. Plus aucun être humain n'apparaît sur les tirages photographiques, au cinéma et même à la télévision ! Les médias s'emparent de cette histoire ; tout le monde s'affole mais au bout de quelque temps, on finit par s'y habituer. Et on s'adapte. Les dessins remplacent les photos d'identité, on filme une reproduction grandeur nature du présentateur au moment du journal télévisé.
Mais, fait bien plus grave, on réalise au bout de quelques temps que les gens photographiés ou filmés un siècle plus tôt réapparaissent sur notre planète comme une pluie de grêlons projetée d'un nuage ou « cloud » où serait stockée chaque image. C'est l'effervescence, les meilleurs scientifiques tentent de calculer les trajectoires de retour de ces personnes. Imaginez la cohue pour accueillir « le grêlon » d'Arthur Rimbaud ! Très vite le nombre de ces retours augmente accompagnant l'essor considérable pris par la photographie. Que faire de toutes ces personnes revenues ?

En abordant un fait qui peut sembler anecdotique, Olivier Mak-Bouchard excelle à développer une réflexion sur notre humanité et les failles de notre société. Le décalage entre le ton un peu naïf du narrateur et le sujet bien plus grave qu'il n'y paraît renforce encore cette prise de conscience pour le lecteur.
Le temps des grêlons est le deuxième ouvrage de cet auteur après le déjà très atypique « Dit du Mistral ». On attend la suite de ses écrits avec impatience.

Sonatine éditions

21,00
Conseillé par (Libraire)
11 février 2022

Au cœur d'une réserve indienne des Appalaches, Ray mène une vie solitaire. Sa femme est décédée d'un cancer quelques années plus tôt et il ne voit son fils toxicomane que pour le récupérer au poste de police.
Cette fois-ci, l'appel qu'il reçoit d'un dealer de drogue est à prendre au sérieux : Dix mille dollars de dette à rembourser pour récupérer son fils vivant. Le deal est non négociable. Ray s'exécute mais en lui quelque chose monte ; un désir de rétablir l'ordre naturel des choses et de rendre justice.
A l'image des terribles incendies qui ravagent les forêts de la région, son existence et celles de ses semblables semblent partir en flammes, vouées à une extinction certaine.
Au loin les coyotes hurlent et se répondent à l'infini pour battre le rappel. Ray, lui, crie vengeance pour toutes ses vies abîmées par la drogue et la corruption. Aidé d'un vieil ami, il lance une opération coup de poing pour éveiller les consciences.

On ne ressort pas indemne d'une lecture de David Joy. Doté d'un talent rare, son écriture parfaitement maîtrisée est éblouissante. Ce roman noir et pourtant lumineux ne manquera pas de vous subjuguer.

Conseillé par (Libraire)
31 janvier 2022

La force des mots

Dans son dernier ouvrage, le novelliste et scénariste Tonino Benacquista dévoile ses souvenirs d'enfance. Dernier de la fratrie, né en France de parents immigrés Italiens, cet amoureux de la langue française découvre tardivement le pouvoir et le goût des mots. Sous forme de courts chapitres, il déroule le récit familial : la rencontre de ses parents, l'envie de partir de son père -contrairement à sa mère qui ne supportera jamais ce déracinement- ses grandes sœurs au caractère si différent les unes des autres, les quartiers de banlieue dans les années 60, l'école communale, les étés en Italie, l'alcoolisme qui ronge son père ...
Benacquista est un excellent conteur et un charmeur, il joue avec les mots grâce à une écriture ciselée et imagée et nous offre ici un bel hommage à la France et à la beauté de sa langue.

23,00
Conseillé par (Libraire)
8 octobre 2021

Anna et Cerise sont deux jeunes filles qui se retrouvent accidentellement enceintes. L’une décide d’avorter, l’autre de garder le bébé. Cerise élève seule sa fille, tant bien que mal mais avec beaucoup d’amour. Les choses se compliquent à l’adolescence. Anna est devenue photographe d’art et enseigne, elle est mariée et a eu un autre enfant. Leur destin va se croiser à un moment très précis de leur vie. Après "Dans la forêt" (qui lui offrira une reconnaissance internationale), Jean Hegland aborde dans ce roman, des questionnements sur la position de la femme dans la société ; sur la maternité et ses douloureuses contradictions. Le cheminement personnel de ces femmes mises à l’épreuve de la vie est fort bien restitué par les mots justes et sobres de l’auteure. Loin du pathos, elle retranscrit des émotions complexes et véritables. Ce texte est aussi prétexte à une réflexion sur la société américaine, la précarité, les rapports sociaux, l’estime de soi, la réussite….
600 pages absolument bouleversantes qui se lisent d’une traite !