Hollywood n'est qu'une bourbeuse écurie d'Augias, vaste lupanar à ciel ouvert de villas avec piscine, où sexe, drogues et chantages sont les pratiques les plus courantes. Freddy Otash en est l'âme damnée, qui inspire James Ellroy depuis sa trilogie Underworld USA. Cet opus plagie avec jubilation le véritable journal de ce sulfureux personnage. Ici, rien des turpitudes des stars ne nous est dissimulé : pas un jour sans une frasque, et Freddy, ex-flic de L.A., passé détective privé se charge de fournir n'importe quoi à n'importe qui, de couvrir un scandale ou au contraire d'exploiter de vilains petits secrets au gré des bénéfices à faire ou du plaisir à prendre.
Ellroy ne dépeint pas seulement l'envers d'un décor mais bien la face indissociable de cette usine à rêves, bâtie sur des codes moraux idéalisés, galvaudés à chaque instant par ses hérauts. La frénésie qui se dégage de ces mémoires fictives raviront les adeptes d'un Ellroy sans filtre, qui éclabousse le lecteur de vérités crues.

Le monde de la toile n'est désormais plus autre chose que notre monde, notre quotidien est fait de ses arcanes, il influence nos opinions, formate nos goûts, fabrique nos relations sociales voire amoureuses. Mais il existe un web plus sombre, destructeur encore que ce roman explore, l'univers des nettoyeurs du net. Ils sont chargés d'éliminer les images « inappropriées » selon une nomenclature extrêmement rigide et ubuesque. Parmi eux, Kaleigh témoigne de son expérience inouïe, de son quotidien envahi d'images barbares, rythmé de cadences infernales et du décalage de plus en plus grand qui se creuse entre elle, ses collègues et les autres qui vivent une autre réalité. Elle tente néanmoins par l'amour de revenir à normalité.
Ce récit ultra contemporain décrit sans concession un certain versant des GAFA mais il n'est pas qu'un roman réaliste et clinique, il construit une tension inédite sur le thème de la perte de sens et de la lutte pour le retrouver.

Ruben Blum a quitté son New York natal pour faire carrière dans une université que ses beaux-parents considèrent comme étant de seconde zone, ignorant tout des méandres d'une carrière universitaire. Entre les antagonismes familiaux attisés par les petites différences, les stratégies de carrière et l'antisémitisme souterrain de l'institution américaine, il tente de poursuivre sa voie en parrainant un collègue venu d'Israël, un certain Ben Zion Nétanyahou, historien à l'idéologie trouble et dont l'académie israélienne tente de se débarrasser. Tout un programme...
Voici donc un roman satirique et existentiel, oscillant entre dérision de soi et des autres, réflexions politiques et historiques et véritables sketchs dignes d'un Woody Allen !

A travers trois destins, trois aventures de vie, trois époques s'incarne le rêve de l'esperanto, cette langue inventée, qui devait apporter la paix perpétuelle aux hommes et mettre fin à l’incommunicabilité de Babel. De la Suisse, au ghetto de Prague à l'ascension du Mont Kailash, ce récit d'apprentissages, de voyage raconte les aspirations de trois jeunes gens, leur émancipation, leur espoir, leur curiosité qui se heurtent aussi à l'avidité, la férocité des hommes, à la marche de l'Histoire.
Hirsch construit un premier roman original à l'ambition ample. Découvrez ce texte énigmatique à bien des égards, loin d'un récit linéaire entre réel et imaginaire.

Le monument national est ici une star vieillissante du cinéma, librement inspirée de la figure de Johnny Hallyday. Toute cette tragi-comédie se joue au sein du « Château », où vivent en vase clos la vedette, sa femme, ses filles adoptives et l'intendante, la nurse, le gardien du domaine, le chauffeur, puis bientôt la fille aînée, un professeur de sport. Rivalités, plaisirs, joyeux bazar, fêtes, excentricité se partagent les journées jusqu'à ce qu'une intrigante infiltre la maisonnée, fasse dérailler pour de bon l'équilibre ténu qui permettait à tous de survivre sous l'égide de l'impératif catégorique du bonheur. L'inquiétude monte pour la plus grande joie du lecteur. L'écriture incisive, caustique de Julia Deck frappe d'un humour mordant ce roman entre satire sociale et vaudeville sur le star-system, monde fantasmé et ici défloré.